Métaphore du mois (février 2024) : L’attache invisible

Il était une fois un paysan qui, avec trois de ses ânes, se rendait au marché pour vendre sa récolte. La ville étant à bonne distance, il lui faudrait plusieurs jours pour l’atteindre.

Le premier soir, il s’arrête pour bivouaquer non loin de la maison d’un vieil ermite. Au moment d’attacher son dernier âne, il s’aperçoit qu’il lui manque une corde. « Si je n’attache pas mon âne », se dit-il, « demain il se sera sauvé dans la montagne ! »

Après avoir solidement attaché les deux ânes, il monte sur le troisième et se dirige vers la maison de l’ermite. Arrivé sur place, il demande au vieil homme s’il n’aurait pas une corde à lui donner. Le vieillard avait depuis longtemps fait vœu de pauvreté et n’avait pas la moindre corde à offrir. Néanmoins, il dit au paysan :

« Retourne à ton campement et, comme chaque jour, fais le geste de passer une corde autour du cou de ton âne. Pense bien à feindre de l’attacher à un arbre. »

Perdu pour perdu, le paysan fait exactement ce que lui avait conseillé le vieil homme.

Le lendemain, dès le réveil, le premier regard du paysan fût pour son âne. Il était toujours là !

Après avoir chargé les trois baudets, il décide de se mettre en route. Mais là, il a beau faire, tirer sur son âne, le pousser, rien n’y fait, l’âne refuse de bouger.

Désespéré, le paysan retourne voir l’ermite et lui raconte sa mésaventure.

« As-tu pensé à enlever la corde ? » lui demande l’ermite. « Mais il n’y a pas de corde ! » répond le paysan. « Pour toi oui, mais pour l’âne… »

Le paysan retourne donc au campement et d’un ample mouvement, il mime le geste de retirer la corde. L’âne le suit sans aucune résistance.

Auteur inconnu

Lorsque nous nous rendons captifs de nos perceptions, de nos pensées, de nos jugements, de nos idées ou, pire encore, esclave de nos habitudes, qu’elles soient mentales ou autres, souvent nous nous attachons nous-mêmes à l’arbre et rendons parfois l’autre ou les autres responsables d’une servitude imaginaire.

Quelle(s) corde(s) invisible(s) nous empêche(nt) de nous exprimer, de vivre, d’aimer, de rire, de nous épanouir et d’enrichir le monde… Qu’est-ce qui nous retient ?

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